Clément DROU est lauréat de la finale du concours « Ma thèse en 180 secondes » organisée par l’université d’Angers. En tant que docteur, il doit présenter « sa thèse en 180 secondes » avec pour but de faire comprendre à tous son objet d’étude.
Sa thèse s’intitule « Assemblages supramoléculaires à base de nouveaux dérivés du fullerène C60. »
Clément DROU nous adresse sa présentation orale :
« Chimie : ce mot vous fait peut-être peur mais ne vous inquiétez pas, nous ne sommes pas tous comme Heisenberg dans la série « Breaking Bad » à faire de la drogue dans notre caravane ou comme d’autres à vouloir faire détonner du gaz moutarde (et je ne parle pas de cuisine).
Non, moi, je suis plutôt un chimiste sportif. Pour le côté sportif, vous comprendrez bientôt.
Mais en tant que chimiste, j’étudie les molécules constituants la matière. Mais si…les molécules… formées d’atomes qui sont liés entre eux. Bon d’accord, là on parle d’objets qui font 1 millionième de millimètres ; donc je comprendrais que vous me preniez pour un fou avec des hallucinations.
Mais non je ne le suis pas, et c’est notre travail de reconnaitre ces molécules invisibles à l’œil nu. D’ailleurs, en parlant de ça, la molécule que j’étudie lors ma thèse s’appelle le fullerène. C’est une des formes du carbone : comme le diamant ou le graphite (les mines de crayons de papier quoi). Mais la particularité du fullerène est qu’il peut conduire l’électricité. En plus de ça, il possède une forme unique semblable à un ballon de football.
Et c’est là que s’inscrit ma thèse. L’objectif de cette thèse est de concevoir des molécules à partir du ballon de football que l’on pourrait assembler pour former des édifices plus grands. Ou même mieux, que ces molécules s’assemblent elles – mêmes.
Alors vous allez me dire c’est bien, « tu fais joujou à la baballe » avec un ballon de football. Eh bien oui, exactement. Mais je ne m’arrête pas là. Mon rôle est de faire subir à cette molécule des réactions chimiques. Je la transforme en lui ajoutant 5 bras (5 fonctions chimiques) qui vont se placer du même côté du ballon. La molécule finale ressemble à un volant de badminton. Pas les volants en plastique qu’on utilise pour jouer sur la plage, non, les volants en plumes pour la compétition.
Mais attention, on ne greffe pas n’importe quelles plumes sur le volant. Elles sont rigoureusement choisies et la plupart des plumes ne passent pas les sélections. En effet, on veut que les plumes puissent interagir avec le ballon de manière réversible, un peu comme des scratches qu’on attache ou détache facilement.
Et après de nombreuses heures passées au laboratoire à former ces volants, on s’est rendu compte que dans certaines conditions, les plumes d’un volant et la tête d’un autre volant pouvaient échanger, interagir, « se scratcher » ensemble. En d’autres termes, les volants s’alignent comme s’ils étaient rangés dans un tube. L’édifice obtenu s’appelle une supermolécule (sympa comme nom, non ?).
Mais concrètement, à quoi ça sert ? Eh bien, la capacité du fullerène à conduire l’électricité est transféré à l’ensemble de la supermolécule. On forme ainsi un fil conducteur à une échelle toute petite : un nano-fil (que l’on peut assembler ou défaire à notre guise).
Alors finalement, n’ayez pas peur de la chimie, même si c’est un monde qui peut paraitre abstrait et obscur, vous aurez compris que pendant 3 ans je me maintiens en forme en transformant des ballons en volants de badminton. »
Clément DROU prépare un doctorat spécialisé en chimie organique. Il effectue ses recherches scientifiques au sein du laboratoire MOLTECH-ANJOU.