Patrimoines de Maine-et-Loire : « Les Basses Vallées Angevines » par Marie HOUDIARD, Amopa de Maine-et-Loire.

L’AMOPA de Maine-et-Loire vous invite à découvrir une nouvelle rubrique ayant trait aux « Patrimoines de Maine et Loire » : articles englobant tous les domaines environnementaux, culturels et humains. Nous avons sollicité Marie HOUDIARD qui nous présente un premier article consacré aux « Basses Vallées Angevines ».

« Les Basses Vallées Angevines » ou « B.V.A. », sont constituées par un ensemble d’étendues inondables traversées par les basses vallées de la Mayenne, de la Sarthe et du Loir, ainsi que par les prairies de La Baumette, à l’aval d’Angers. Elles occupent une large plaine alluviale dont l’altitude varie de vingt-cinq mètres en amont à quatre mètres en aval.

Situations des Basses Vallées Angevines. Dessin de A. Estadieu – Renard.

La Mayenne

Longue de deux cent deux kilomètres, la Mayenne prend sa source dans l’Orne, à trois cent quarante-quatre mètres d’altitude, sous le sommet du mont des Avaloirs. Elle présente des fluctuations saisonnières de débit assez importantes, plus marquées que celles de la Sarthe et du Loir. Ses crues hivernales peuvent être importantes.

La Sarthe

La Sarthe prend sa source dans les collines du Perche, dans l’Orne, à une altitude de deux cent cinquante-deux mètres. Elle est longue de trois cent treize kilomètres. Elle conflue avec la Mayenne à Angers. Elle présente des peuplements piscicoles caractéristiques des grands milieux de plaine.

Le Loir

Long de trois cent dix-huit kilomètres, le Loir prend sa source dans l’Eure-et-Loir, à la périphérie des collines du Perche. Il conflue avec la Sarthe. Ses crues peuvent être assez importantes. Elles peuvent survenir de novembre à mai. Il présente des peuplements piscicoles caractéristiques des grands milieux de plaine.

La Maine

La Maine prend naissance au confluent de la Mayenne et de la Sarthe grossie du Loir, au niveau de l’île Saint-Aubin. Elle conflue avec la Loire à la Pointe, près de Bouchemaine. Elle est longue de onze kilomètres et demi. Son bassin versant, d’une superficie totale supérieure à vingt mille kilomètres carrés, est le plus vaste sous-bassin de la Loire.

Les Basses Vallées Angevines forment une zone humide d’environ sept mille cinq cent hectares, tous situés en zone inondable. Elles comportent principalement des prairies humides ouvertes sur de vastes superficies et des bocages à frênes parsemés par endroits de saules et de peupliers. La présence d’un habitat prairial, de fossés, de bras morts, de mares et de haies permet l’installation d’une grande diversité d’espèces animales et végétales. L’accueil de certaines espèces protégées, comme le râle des genets et la présence d’une flore riche ont justifié leur intégration au Réseau Natura 2000.

Le Réseau Natura 2000 a été mis en place par l’Union Européenne. Il regroupe un ensemble de sites naturels européens, identifiés pour la rareté ou la fragilité des espèces sauvages et de leurs habitats. Il permet aux différents acteurs du territoire de le préserver et le valoriser grâce à des dispositifs spécifiques.

Les alignements d’arbres têtards ont un rôle de corridor biologique. Ils font partie intégrante de la trame verte. Ils constituent un véritable réservoir de biodiversité. La forme d’un arbre têtard, ou trogne, résulte des tailles  étêtant le tronc et supprimant les branches principales. Ce mode spécifique d’exploitation vise principalement à fournir du bois et du fourrage.

Les peupleraies installées dans les Basses Vallées Angevines permettent la production de bois utilisé dans l’industrie. Les produits de première qualité servent au déroulage. Ils servent à fabriquer des panneaux, des boîtes à fromage et des emballages légers. La seconde qualité est généralement valorisée pour la fabrication de palettes, de cagettes ou de pâtes à papier.

Les Basses Vallées Angevines permettent l’expansion des crues de la Mayenne, du Loir et de la Sarthe. Les inondations périodiques créent des frayères pour les poissons, dont les brochets. Elles augmentent l’éventail des ressources alimentaires. En assurant la cohabitation d’espèces aux besoins variés, elles favorisent la biodiversité locale.

La flore spontanée des Basses Vallées Angevines est riche en espèces spécifiques des milieux humides, tels que l’iris des marais ou la fritillaire pintade.

La fritillaire pintade, ou gogane, est une espèce patrimoniale indicatrice de la pression exercée par l’être humain sur les milieux humides. Lorsque cette dernière est faible, ou inexistante, elle peut former des colonies importantes.

Dans les Basses Vallées Angevines, elle s’épanouit dans les prairies fertilisées par les crues hivernales. Dans le Maine-et-Loire, elle est protégée par un arrêté départemental.

Les Basses Vallées Angevines accueillent la plus grande population française de râles des genêts, Crex crex.

Râles des genêts. dessin de A. Estadieu - Renard

Le râle des genêts est un oiseau migrateur de la famille des Rallidae. Il occupe essentiellement les prairies de fauche des vallées alluviales, où la nourriture est abondante. Il se nourrit d’insectes, de vers, de graines et de feuilles tendres. Les mâles arrivent en France métropolitaine au cours du mois de mai, les femelles arrivent au début du mois de juin. Les couples nichent à terre dans les herbes des prairies humides. Les jeunes ne pouvant voler qu’au bout d’un mois, ils restent à terre pendant cette période. Ils sont alors très vulnérables. Le râle des genêts quitte son site de nidification au cours du mois d’août.

En raison de l’importance et de la rapidité du déclin de ses populations, il est classé « espèce en danger » en France. Il figure dans la liste rouge des espèces menacées.

Dans les années 1990, les évolutions sociétales et économiques ont été à l’origine d’une demande accrue de viande bovine qui a nécessité une rationalisation de la production fourragère. Cette dernière s’est accompagnée d’une augmentation de la mécanisation de la fauche, ce qui a entraîné une importante mortalité des jeunes râles des genêts n’ayant pas encore quitté leurs nids. La mobilisation des agriculteurs aux côtés des acteurs du territoire a permis de mettre en place des mesures conservatoires afin d’éviter cette surmortalité. Les pratiques adoptées consistent à réaliser une fenaison en spirale ouverte et à ne commencer la fauche des zones concernées que lorsque tous les nids sont vides.

L’association « Éleveurs des Vallées Angevines » compte une trentaine d’adhérents. Elle est à l’origine du projet « Finition et valorisation des bovins à l’herbe dans les vallées angevines ». Son objectif est de pérenniser l’élevage dans les Basses Vallées Angevines afin de valoriser ce territoire et de maintenir son équilibre naturel. En adoptant une conduite des pâtures en système de type extensif après le départ des râles des genêts, les éleveurs de l’association favorisent la préservation du milieu de vie de ces oiseaux.

La marque de viande bovine « l’Éleveur et l’Oiseau », déposée en août 2001 par les éleveurs de l’association, permet une identification claire de leurs produits. Elle lie l’élevage bovin à la protection du territoire et du râle des genêts.

Article de Marie HOUDIARD

Marie HOUDIARD est Inspectrice d’académie – Inspectrice pédagogique régionale honoraire, agrégée de Sciences naturelles. Inspectrice de l’Enseignement Agricole à compétences pédagogiques en Biologie et Écologie, elle a été détachée à la Direction Générale de l’Enseignement et de la Recherche du Ministère de l’Agriculture et de la Pêche.

Marie HOUDIARD est membre du bureau de l’AMOPA de Maine-et-Loire.