Célébration des soixante ans de l’AMOPA nationale.

L’AMOPA de Maine-et-Loire a pris l’initiative d’organiser la journée anniversaire des 60 ans de l’AMOPA. Belle journée bien dans l’esprit de l’association ! Culture avec de magnifiques interprétations de la chorale et de l’orchestre du lycée David d’Angers ; convivialité autour d’un succulent déjeuner ; langue française avec la passionnante conférence de Alain Houlou intitulée « Au service de la langue française ».

Les participants, membres de la section, personnalités, partenaires, invités… se sont tout d’abord réunis dans la salle de l’Odéon du lycée David d’Angers pour écouter un programme musical présenté par l’Orchestre du Lycée David d’Angers, ou Olda.

Henri-Marc Papavoine et Tony Jouanneau.

Prestation de la chorale et de l’orchestre de l’Olda.

Henri-Marc Papavoine, président de l’AMOPA de Maine-et-Loire, se plait à souligner ce bel anniversaire et présente le programme de la journée. Il rappelle que l’Olda est l’héritage d’une tradition éducative musicale. Selon l’association, un orchestre est photographié probablement au début du vingtième siècle. Une chorale se produit dans les années 1970. L’Orchestre symphonique du Lycée David d’Angers (Olda) est créé en 1983 et est composé d’une soixantaine de musiciens, majoritairement élèves du collège et du lycée David d’Angers.

Tony Jouanneau, directeur musical de l’Olda, professeur d’éducation musicale, souligne que la richesse de l’Olda est de pouvoir accueillir des musiciens d’horizons différents. La qualité de l’orchestre dépend en partie de la confiance de chacun en sa capacité à progresser et à se sentir comme un élément important d’un collectif uni dans un but commun : partager sa passion de la musique orchestrale.

Henri-Marc Papavoine et Vincent Février.

Vincent Février, conseiller municipal représentant le maire d’Angers, rappelle le rôle important joué par l’AMOPA dans la vie des établissements scolaires de Maine-et-Loire. Il souligne l’excellence des jeunes choristes et musiciens de l’Olda ainsi que le rôle d’ambassadeur angevin.

Un programme éclectique est ensuite proposé à l’assistance par la chorale et l’orchestre Olda sous la direction de Tony Jouanneau.

Entouré de Bernard Staub, président d’honneur, et de Patrick Duyts, représentant les Délégués Départementaux de l’Éducation Nationale qui prend la parole, Henri-Marc Papavoine excuse le présidenJean Morlong puis Michèle Dujany, secrétaire générale de l’AMOPA nationale, et lit le discours de celle-ci.

Alain Houlou, Odile Brunet, Bernard Staub, Henri-Marc Papavoine et Patrick Duyts.

Historique de l’AMOPA par Michèle Dujany.

« 1962-2022 : l’AMOPA fête ses 60 ans… et la section du Maine-et-Loire ses 55 ans.

Savez-vous que, quand nous serons à Genève en mai prochain, ce sera le 40ème anniversaire de la tenue du congrès de l’AMOPA à Angers ? J’aurais vraiment aimé être parmi vous aujourd’hui, aux côtés d’Alain Houlou, vice-président de notre association. Veuillez excuser mon absence pour raison de santé.

Quelques réflexions sur cet anniversaire et sur notre histoire amopalienne…

Pour un couple, 60 ans de mariage, c’est l’occasion de célébrer les noces de diamant, minéral indestructible et symbole d’éternité. A l’origine, notre médaille entrecroisait deux rameaux d’olivier et de laurier, augures de longue vie et de pérennité. Dans le parcours d’une existence, 60 ans, c’est le temps des bilans, des échecs qu’on regrette mais aussi des réussites professionnelles et familiales, solides fondations pour de nouvelles formes d’engagement et de service. Pour l’AMOPA, c’est donc un bel âge !

Dans l’ouvrage publié en 1998 « Si l’AMOPA m’était contée », on découvre une étonnante histoire de longévité et de fidélité aux principes fondateurs posés en 1962, mais aussi d’exploration de nouveaux modes d’action pour servir toujours davantage la jeunesse et la langue française, partout dans le monde. Les défis lancés par le XXIème siècle ont fait tanguer le vaisseau amopalien, au gré des déceptions et des inquiétudes mais nous sommes là pour faire fructifier ce bel héritage et inventer l’avenir.

A Paris, le mardi 30 octobre 1962, en toute discrétion, nait l’AMOPA, portée par l’enthousiasme un peu fou d’une trentaine d’enseignants. Depuis deux jours, le monde respire enfin après le dénouement inespéré de la crise de Cuba tandis que les Français commentent les résultats du référendum constitutionnel qui instaure l’élection du président de la République au suffrage universel. Cette discrétion est antinomique de la vaste ambition qui anime les Pères fondateurs de l’AMOPA : faire que les décorés des Palmes académiques « pour service rendus à la jeunesse », prolongent, intensifient et élargissent leur action, dans le cadre d’une association dont l’Utilité publique sera justement reconnue en 1968. Le Ministère soutient l’initiative et héberge le siège social.

En octobre 1962 tout reste à construire. Trouver un local, d’abord mis à disposition par la Fédération des Sapeurs-Pompiers de Paris avant l’acquisition d’un premier puis d’un second appartement en 1984 dans le 15ème arrondissement parisien. Élaborer rapidement des statuts et constituer un bureau national. Trouver des correspondants départementaux puis mettre en place de véritables sections. Enfin, assurer la diffusion des activités par une publication, très vite définie comme une revue de haut niveau culturel mais qui laisse une grande part aux réalisations des sections. Le premier numéro parait en 1964 et depuis, rien n’a interrompu le rythme trimestriel de notre revue. La première Assemblée générale se tient au lycée Henri IV, le 10 mai 1964. Le succès est au rendez-vous : le 1000ème adhérent est célébré en mai 1963, le 2000ème en octobre. De 1963 à 1982, l’AMOPA gagne en moyenne 2700 membres par an… On dépasse les 30000 à la fin du XXème siècle. Cela nous fait rêver ! La dimension internationale se dessine rapidement avec 4 sections de l’étranger en 1970 (Grèce, RFA, USA et Japon) et 30 en 1997.

Cette belle dynamique repose sur les efforts des sections rapidement installées dans tous les départements mais aussi et peut-être surtout sur deux présidents d’exception qu’ont été César Santelli de 1962 à 1971 et Jacques Treffel de 1973 à 2008. Le premier incarne l’engagement de toute une vie au service de la jeunesse et des enseignants. Il nait en Corse le 2 décembre 1889 (double clin d’œil à Napoléon !). Reçu à l’agrégation d’allemand en 1913, il s’investit dans la création en 1932 de la Fédération des œuvres complémentaires de l’école laïque, ancêtre de la FOL. Nommé inspecteur général en 1945, il travaille avec conviction au développement de l’enseignement du français à l’étranger. Il est lui-même un auteur de romans, de poésie et de livres pour enfants. En 1946, il participe à la fondation de la MGEN. Au lendemain de son départ en retraite en 1961, il fonde l’AMOPA. Ce parcours nous donne des clés pour comprendre, dès l’origine, les lignes de force de la philosophie amopalienne. Une remarque pour faire sourire… Émile Prigent, Inspecteur général de l’Instruction publique, assure à son tour la présidence de 1971 à 1973.

Ce terme d’amopalien n’est que l’aboutissement d’une recherche passionnée des premiers congressistes de 1964. Nous avons échappé à quelques propositions croquignolettes… : amopantois, amopaïque, amopriot, amopavite, amopatois et même amopaïen !!!

En 1973, Jacques Treffel reprend le flambeau de l’association d’une très ambitieuse manière. Né à Cahors en 1922, agrégé de sciences naturelles, il met à profit dans son enseignement les premières recherches sur les rythmes biologiques de l’enfant pour de meilleurs apprentissages. Nommé inspecteur général en 1968, il remplit plusieurs missions au cabinet de ministres successifs de l’Éducation nationale. A ce titre, il fait évoluer l’architecture des nouveaux bâtiments scolaires, développe les CDI et encourage l’utilisation et la maitrise des nouvelles technologies dans le système éducatif. Bel exemple à suivre d’un esprit créatif et innovant. Pendant 35 ans, grâce à son vaste réseau de relations, il donne tout son lustre à une AMOPA reconnue aux plus hauts sommets de l’État et à l’étranger. Il créé le Don du Livre et l’AMOPA traverse les océans. De nombreuses manifestations de prestige se tiennent à Paris et les congrès sortent parfois du territoire pour gagner la Grèce et le Canada. Ce qui n’est pas sans soulever néanmoins quelques critiques dans les sections. Mais c’est le temps d’une AMOPA triomphante et attractive. Marguerite Marie Treffel succède pour 2 ans à son mari décédé.

Michel Berthet, président de la section de la Loire, assure ensuite deux mandats, de 2011 à 2019. Il tient à mettre en avant les sections et leur travail discret mais efficace au service de la jeunesse et de la culture. C’est le thème de la célébration du cinquantenaire de l’AMOPA en mai 2012 au congrès de Colmar puis le 30 novembre lors d’une soirée de gala à la Mairie de Paris. Le bilan d’un demi-siècle est brillant. Des concours d’expression écrite pour les jeunes français et européens, des prix et des bourses, attirent de nombreux enseignants qui saisissent ces opportunités pour tirer le meilleur de leurs élèves. Je citerai un passage très emphatique du message aux sections pour préparer ce 50ème anniversaire : « Jamais rien de figé, de passéiste. Toujours une vision d’avance et une cohorte innombrable et diverse où l’académicien, le général, le magistrat, les hauts fonctionnaires, côtoient tous ceux qui œuvrent à leur niveau de responsabilité sur le terrain, dans les établissements scolaires, dans les lieux de culture et d’éducation ».

Pourtant, ce XXIème siècle plein de contradictions, entre progrès et nouvelles menaces, fait peser sur l’AMOPA de lourdes inquiétudes : moindre goût pour l’engagement associatif, primat de l’individuel sur le collectif, traumatisme de la crise sanitaire qui rend frileux de nombreux amopaliens et, pour finir, baisse drastique du nombre des adhérents. Aussi, l’heure du 60ème anniversaire pourrait inciter au pessimisme et à la désespérance. Au contraire, la crise actuelle doit nous servir à réveiller notre potentiel d’imagination et de créativité. C’est la route – et il n’y en a pas d’autre – que trace Jean Pierre Polvent, président depuis 2019. Nous avons rajeuni la revue, recréé le site internet, lancé de nouveaux concours de mathématiques. Nous constatons à l’étranger, dans les ambassades, un désir d’AMOPA.

Alain Houlou vous en parlera sans doute dans sa conférence. Nous travaillons donc résolument pour assurer l’avenir de l’association et continuer à servir et à partager. La section du Maine-et-Loire est un exemple de cette capacité de résilience. Elle réussit à gagner de nouveaux adhérents et de nouveaux partenariats, à organiser de nouvelles activités, à accompagner de nouvelles initiatives. Qu’elle soit source d’inspiration !

Longue vie à l’AMOPA ! »

Le déjeuner fut un moment très convivial et chaleureux qui a donné l’occasion aux membres du groupe d’échanger tout en savourant des mets de qualité.

Alain Houlou. Cliché AMOPA.

Conférence de Alain Houlou.

Après le repas, Alain Houlou, agrégé de lettres classiques, docteur en droit, docteur es lettres et Vice-président de l’AMOPA, a présenté une passionnante conférence « L’AMOPA au cœur du combat pour la langue française » à l’ensemble des participants subjugués par ce brillant exposé.

« Le mot de francophonie étant parfois suspect, notamment en Afrique, de néocolonialisme, on lui préférera désormais la notion de défense de la langue française, à l’instar de la toute nouvelle « Cité internationale de la langue française’’, basée à Villers-Cotterêts, la ville du célèbre édit de François Ier en 1539 qui imposa le français en lieu et place du latin dans les actes officiels du Royaume. Soyons clair, le terme de francophonie n’est pas à bannir, car plusieurs organisations, dont l’Organisation Internationale de la Francophonie (O.I.F.), le portent en bannière, il est à utiliser à bon escient…

Car la langue française, pour reprendre le titre d’un livre paru en 2021 sous la plume de Bernard Cerquiglini, est en « résilience », l’auteur s’intéressant surtout avec un certain paradoxe à la question posée en sous-titre de l’ouvrage : « Comment la langue française a lutté pendant la pandémie de COVID-19 ? »

Élargissons le propos et constatons que, dans la droite ligne des propositions que nous faisions à Avignon pour élargir la défense de la langue française de la littérature et des arts à l’économie et à la science, la faculté d’innovation et de résilience de notre langue se fait jour.

La rencontre des entrepreneurs francophones le 24 août 2021 qui se tenait à l’hippodrome de Longchamp et réunissait 600 entrepreneurs dont 450 non Européens a été l’occasion pour le président malgache Andry Rajoelina de lancer le mot d’ordre ; « Traçons la voie d’une francophonie économique ! ».

Le point de départ est simple : dans la mondialisation, les francophones seront plus forts ensemble économiquement, Ils pourraient définir une ‘’Aire économique francophone’’ dont le but serait de définir un cadre conceptuel pour faciliter les échanges, améliorer la compétitivité des régions francophones et lutter contre la pauvreté des régions francophones les moins avancées et les plus exposées au changement climatique. Bref ce serait retourner la phrase de Churchill : « seuls les peuples de langue anglaise peuvent avoir confiance les uns dans les autres » …

Et parallèlement une autre francophonie est en train d’émerger, celle qui a donné lieu à la parution en 2021, sous l’égide de l’Agence universitaire de la francophonie (A.U.F.), du Livre blanc de la francophonie scientifique, ouvrage de 232 pages élaboré à partir d’une consultation de 15 000 personnes dans plus de 75 pays. Le Rapport insiste sur l’urgence et aussi le moment opportun à saisir, ce qui est baptisé le « kairos de la diplomatie scientifique » avec cette citation d’une des personnes interrogées : « La francophonie, ce n’est pas que la France, c’est beaucoup de pays, donc c’est beaucoup de cultures, c’est beaucoup de communautés, c’est un melting-pot (sic), Ce sont des valeurs fortes qu’on essaie de défendre ». Le concours « Arts et Math » récemment lancé par l’AMOPA va dans ce sens et il faut d’évidence le proposer à toutes nos sections de l’étranger.

Alors pour sortir du dilemme francophonie mot valise ou mot honni, que la locution un peu longue ‘’défense de la langue française’’ ne peut pas toujours remplacer, reprenons l’idée lancée à Avignon du concept de « francopolyphonie » que l‘AMOPA, selon sa belle devise, aura à cœur en tout lieu de « SERVIR ET PARTAGER ! ».

Les participants à cet anniversaire des 60 ans de l’AMOPA sont repartis très heureux de cette journée qui a marqué une nouvelle fois la cohésion de l’association, de la section et le grand dynamisme de celles-ci.

Article de Marie Houdiard et Henri-Marc Papavoine