Le lycée professionnel Simone Veil d’Angers à l’honneur par l’AMOPA de Maine-et-Loire.

L’AMOPA de Maine-et-Loire a le plaisir de témoigner de la participation du lycée Simone Veil d’Angers au concours de l’Ordre National du Mérite (ONM) dans la catégorie « Mémoire », concours auquel l’AMOPA a été associée.

Pascal Levavasseur et Jacques Manceau, respectivement président et président délégué de la section de Maine-et-Loire de l’ONM, ont présenté ce projet. Le Lycée professionnel Simone Veil d’Angers s’est saisi d’une opportunité pour accueillir et faire vivre une exposition mémorielle et développer la compréhension des élèves du programme de 1ère « Guerres européennes, guerres mondiales, guerres totales ». C’est l’ensemble de l’établissement qui s’est trouvé engagé dans un apprentissage de compréhension des enchaînements de l’Histoire, mais également d’expression de l’humanisme et de la résilience des peuples.

Présentation par Axelle Souffaché :

Lors de la cérémonie du 60ème anniversaire de l’Ordre, madame Axelle Souffaché, Proviseure du lycée professionnel Simone Veil et chevalier des Palmes académiques, a déclaré : « Afin de vous faire partager en quelques minutes ce qui constitue l’essence d’un projet pédagogique à grande valeur humaine, je ne pouvais monter seule à la tribune. Je suis donc accompagnée de deux élèves et de Valérie Kervévan, copilote du projet sans laquelle nous ne serions pas ici aujourd’hui.

Au nom du lycée professionnel Simone Veil, je souhaite vous témoigner à la fois :

  • De l’importance d’une rencontre, celle d’Alexia Leblanc, enseignante de lettres histoire-géographie, et d’une petite fille de déportée Valérie Kervévan, ici présente à mes côtés,
  • De l’intensité de l’émotion des élèves ressentie à chaque témoignage qu’elle a pu apporter,
  • De la force d’une exposition, support pédagogique remarquable pour initier questionnements et prises de conscience,
  • De l’implication sincère des élèves de la classe de « Première Bac Pro Animation », maintenant en Terminale, qui se sont portés volontaires pour aller plus loin dans cette investigation du devoir de mémoire,
  • Et enfin du soutien de l’AMOPA et de l’ONM, de Karine Engel, adjointe au maire d’Angers et de la Direction Académique de Maine-et-Loire qui ont contribué à la faisabilité et à la valorisation de ce projet. »

Témoignage de Valérie Kervévan :

Valérie Kervévan, enseignante, petite fille de déporté, Déléguée départementale de l’Association des anciens déportés du camp de Sachsenhausen, de leurs familles et amis », Vice-présidente des Amis de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation de Maine-et-Loire, témoigne : « Il y a moins de deux ans, le projet Mémoriel d’exposition du camp de Sachsenhausen était proposé à la Direction académique.

  • Le premier objectif est de « Perpétuer la mémoire de tous ceux qui ne sont jamais revenus, et ceux qui survécurent à cet enfer avec de nombreuses séquelles après les marches de la mort ».
  • Le deuxième objectif est « d’armer les esprits les plus jeunes » au regard de la désinformation ambiante et des relents de négationnisme actuel, car il est essentiel de savoir que leur vie d’Homme libre est due au courage admirable de tant d’êtres humains qui résistèrent à la barbarie d’un état qui érigea en programme politique sa conception raciste et eugéniste du monde.
  • Un troisième objectif pédagogique consiste à rendre plus proche, plus palpable, la réalité de ces familles déchirées par la déportation durant la Seconde Guerre mondiale mais qui en gardent les stigmates aujourd’hui encore, notamment dans l’intergénérationnel du non-récit.

Réalisée par les trois musées, Mémorial de Sachsenhausen, Musée de Compiègne et Musée du Bois de Below, l’exposition de cinquante-cinq mètres linéaires, est un parcours mémoriel au cœur du système concentrationnaire nazi.  C’est en 1936 que Théodore Eicke, Inspecteur général des camps, retint le site de Sachsenhausen. Il voulait construire un nouveau camp, dit « moderne et fonctionnel » près de Berlin, le camp de la capitale du Reich. Le siège de l’inspection générale des camps y fut installé, d’où partirent les instructions du commandement SS pour tous les bagnes nazis d’Allemagne et d’Europe. Plus de 200 000 hommes et femmes furent déportés, 8500 français, dont Pierre, mon grand-père, matricule 71556.« 

Inauguration de l’exposition sur le camp de concentration de Sachsenhausen. Cliché Lycée Simone Veil Angers.

Valérie Kervévan poursuit : « Les élèves du lycée Simone Veil, notamment la classe de Terminale « Anim pro », récompensés par le prix Mémoire, se sont montrés impliqués, attentifs. Les jeunes, représentés aujourd’hui par Malou et Lilou, ont compris l’enjeu du projet. Les lycéens ont pris la mesure des enjeux des souvenirs enfouis dans les mémoires sur plusieurs générations successives, qui inlassablement s’entrecroisent et celle de la solidarité intergénérationnelle. A la faveur de l’exposition et du projet, et surtout de leur implication, ils ont compris que derrière chaque Häftlinger, derrière chaque numéro, se cachaient des vies et des familles brisées, des destins anéantis, et parfois des résiliences aussi. Ils me confortent dans l’importance du devoir de Mémoire. « L‘exposition ou l’atelier étaient intéressants parce que c’était une histoire vraie… j’ai trouvé que c’était trop bien, j’ai tout compris ».., sont des mots qui furent récurrents à l’écrit dans le livre d’or, ou l’oral, ces mots me touchent encore aujourd’hui.

 A l’heure où le taux d’absentéisme aux élections est si fort chez les jeunes, durant ces ateliers, les lycéens de la classe de Première « Anim Pro » ont saisi l’importance de la mémoire collective, fait lien avec leur propre histoire singulière qui s’inscrit dans la grande Histoire. Ils ont saisi l’importance d’en faire le récit, la valeur des biens précieux que sont la liberté et la démocratie.
 Les lycéens participant au projet pédagogique en lien avec « l’exposition Sachsenhausen, mis en place en mars 2023, ont reçu le prix « Mémoire » départemental et le prix spécial de l’engagement du Concours National de la Résistance et de la Déportation (CNRD).
Le lycée professionnel Simone Veil a demandé la pérennité de ce projet, d’autres classes et établissements, telles les classes « Défenses« , SEGPA, ULIS, pourront bénéficier des ateliers durant cette nouvelle année scolaire.

Les descendants de déportés ne peuvent porter seuls cette terrible page de notre Histoire. Ce dont je suis certaine, reconnaissante, et qui me donne espoir, c’est que ce projet a également pu avoir un écho car il fut porté par la direction académique, la direction du lycée Simone Veil, celui d’Alexia Leblanc, celui des enseignants, le soutien de Jacques Manceau, et bien sûr l’engagement des jeunes lycéens. Ainsi, il fut porté par la Cité, j’entends par là, encouragé, relayé, comme aujourd’hui, à la Préfecture, par d’autres passeurs de mémoire, conscients du danger de l’effacement.« 

Prise de parole de Malou et Lilou :

Malou et Lilou. Cliché AMOPA 49.

Malou et Lilou, élèves de Terminale « Bac Pro Animation Enfance et Personnes Agées » prennent la parole : « Nous, Malou et Lilou sommes les représentantes de notre classe de Terminale « Bac Pro Animation » au Lycée Professionnel Simone Veil. Notre lycée porte le nom d’une grande femme politique et nous nous devons de lui rendre hommage aujourd’hui. Nous avons reçu l’an dernier le prix Mémoire et nous en sommes très fiers. Avec Valérie Kervévan, nous avons pris conscience de l’importance de la transmission et de l’Histoire de nos ancêtres qui ont défendu notre Patrie.

Durant notre projet, nous avons eu l’honneur d’accueillir une exposition sur le camp de Sachsenhausen. Nous avons pu en apprendre davantage sur la Déportation et les conditions de vie inhumaines qui régnaient dans les camps. Le traumatisme des générations suivantes, enfants et petits-enfants, nous a beaucoup touchés. Le courage des Résistants dont le grand-père de Valérie, Pierre, est un exemple. Il nous a également fortement marqués. Nous remercions tous ceux qui commémorent la mémoire de ces grands Hommes et de ces grandes Femmes. Merci de nous avoir écoutées. »

Propos recueillis par Henri-Marc Papavoine