A l’occasion de l’assemblée générale de l’AMOPA de Maine-et-Loire, Alain Leroux a présenté une brillante conférence intitulée « La coopération judiciaire avec le Qatar : témoignage d’une expérience vécue ». Cette conférence fait l’objet d’un premier article « Regards sur le Qatar » qui présente ce beau pays, suivi d’un second qui s’intéressera plus spécifiquement à la coopération judiciaire.
Alain Leroux introduit sa conférence : « Je remercie M. Henri-Marc PAPAVOINE, Président de la section AMOPA de Maine-et-Loire qui m’a fait l’honneur et l’amitié de cette invitation. Je mesure la chance qui m’est donnée de pouvoir m’exprimer devant tous les membres de votre section parmi lesquels je suis heureux de saluer la présence de Mme Florence DABIN, présidente du Conseil départemental de Maine-et-Loire. Je voudrais aussi vous dire combien j’ai apprécié la qualité de votre accueil au sein de votre section et je tiens à vous en remercier chaleureusement.
Après avoir pratiqué le droit international en Suisse pendant 12 ans, j’ai pu intégrer l’école nationale de la magistrature à l’âge de 35 ans. La fonction judiciaire m’a permis de réaliser deux expériences qui ont marqué ma vie professionnelle : un premier détachement dans le corps préfectoral durant 5 ans, comme sous-préfet d’arrondissement puis administrateur civil au Ministère de l’intérieur à Paris ; un second détachement dans le corps diplomatique durant 3 ans, comme magistrat de liaison au sein de l’ambassade de France à Doha au Qatar.
C’est de cette expérience de la vie orientale dont je voudrais vous parler en espérant que ce partage suscitera chez vous des questions, voire même une autre perception d’un pays qui a fait beaucoup parler de lui – parfois de manière injuste ou erronée – et qui se nomme le Qatar, la plus petite monarchie du Golfe arabo-persique située à sept heures d’avion et à 6000 km de la France.
Chers amis, je vous propose un regard sur le Qatar. Ce sera le mien, nécessairement subjectif.
AHLAN WA SAHLAN ! Soyez les bienvenus !

Bienvenue au Qatar dont les habitants sont des qatariens et non pas des qataris (appellation anglaise) tout comme on dira en français des émiriens, des saoudiens ou des koweitiens. Qatar pays de l’oryx, un animal élégant coiffé de deux longues cornes qui est devenu l’emblème de la compagnie nationale, pays en noir et blanc : ha baya noire pour les femmes, thope ou dish-dash blanche pour les hommes avec un kéfié rouge en hiver et un kéfié blanc en été.
Lorsque j’ai découvert le Qatar [1], je croyais rencontrer une population arabe. Il n’en fut rien. Sur un territoire grand comme une fois et demie la Corse (11 400 Km²), on recense 2 800 000 habitants dont seulement 300 000 sont des autochtones. En d’autres termes, les qatariens sont minoritaires au Qatar, tout comme les arabes sont minoritaires dans l’islam qui est massivement en Asie.
La différence, soit 2 500 000 est composée de migrants qui proviennent d’une centaine de pays différents. On se croirait aux Nations Unies ! Presque toute la planète se trouve représentée sur ce petit territoire où cohabitent près de 100 nationalités dont la majorité proviennent du Sud-Est asiatique : philippins, indonésiens, thaïlandais, népalais, sri-lankais ou indiens [2]. Les pays occidentaux sont des fournisseurs de matière grise : ingénieurs, architectes, médecins, cadres.
Le flux des migrants est fixé par quotas en fonction des besoins en main d’œuvre. Les travailleurs étrangers ne peuvent pas séjourner plus de deux ans, ce qui leur permet de constituer un pécule et de retourner dans leur pays d’origine où ils peuvent investir dans un projet familial : une maison ou un commerce. C’est une immigration tournante et contrôlée. Les étrangers sont hébergés dans des bâtiments situés à l’écart des villes où ils vivent de manière séparée.
Les travailleurs originaires de l’Inde (environ 500 000). Ils ont une relation particulière avec le Qatar qui a été placé sous protectorat britannique en 1916 et compte tenu de cette situation, le pays se trouvait sous l’autorité du gouverneur de l’Empire des Indes, à telle enseigne que la roupie fut la monnaie du Qatar jusqu’à son indépendance en 1971, depuis lors remplacée par le Riyal [3].
Sur le document qui vous a été distribué figure une illustration. Elle est datée de 1994. Que voit-on ? Un bédouin observe de loin un bâtiment en forme de pyramide qui semble surgir des sables du désert. Il s’agit du premier grand hôtel Sheraton installé à Doha [4], le seul qui existait en 1994. A mon arrivée au Qatar en 2009, ce même hôtel se trouvait au même endroit, au cœur d’un ensemble moderne avec des tours et des rues qui donnaient l’impression de se trouver dans un quartier de Manhattan à New-York. On parle de la « skyline » de Doha.
Entre la vie rustique du désert et l’abondance de la prospérité, le Qatar vit un grand écart permanent et étonnant. C’est dans cet espace que se situe mon propos. Le Qatar est une pétromonarchie. Sa prospérité résulte de richesses exceptionnelles gérées par un gouvernement éclairé qui a réussi à se construire un empire, sans arme, sans guerre, en faisant le choix de s’ouvrir au monde.
La révélation d’une richesse en moins de 100 ans.

Pendant longtemps, personne ne savait situer le Qatar sur le globe. Il s’agit d’un micro État niché dans le golfe arabo-persique, juste en face de l’Iran. D’une superficie de 11 437 km² comprenant les îles aux alentours, il est le plus petit État du Golfe. Il forme une péninsule qui s’étend vers le nord, avec une façade maritime de 550 km. Au sud, il partage avec l’Arabie Saoudite une frontière terrestre de 60 km. Il est entouré à l’est des Émirats Arabes Unis et à l’ouest, du Royaume de Bahreïn avec qui il forme le projet d’être relié par un pont routier et ferroviaire de 45 km au-dessus de la mer. Le pont de l’amitié est un projet de 5 ans de travaux, attribué au Groupe Vinci en 2008 et relancé le 17 novembre 2023.A la fin de la Première Guerre Mondiale, le Qatar est encore un territoire inconnu qui n’intéresse personne.
En France, Georges Clemenceau a pris conscience de l’importance stratégique des carburants pour gagner la guerre. En 1923, le président Raymond Poincaré a demandé la création d’une entreprise souveraine, constituée de capitaux français et capable de réaliser une politique nationale du pétrole. C’est ainsi que l’on créa la Compagnie Française des Pétroles, l’ancêtre direct du Groupe TOTAL.
En 1923, le Qatar est une halte sur la route des Indes où l’on a installé des comptoirs portugais, hollandais et anglais. Mais en dehors du littoral, c’est un sol calcaire, couvert de dunes et de déserts avec un climat très aride, des tempêtes de sable et des pluies diluviennes. On l’appelle le territoire oublié de Dieu, peuplé de pêcheurs de perles et de bédouins qui se déplacent avec leurs troupeaux. Au début du vingtième siècle, on recensait 13000 pêcheurs de perles dont l’espérance de vie était réduite de par les risques de la plongée en apnée. L’économie perlière était fragile et elle finira par s’effondrer à partir de 1930, de par la concurrence de la perle Mikimoto au Japon. En 1940, l’attention du monde entier se porte sur les conflits qui agitent l’Europe, de sorte que le Qatar est laissé à l’écart de tout et l’on y meurt de faim.
Fort heureusement, la Compagnie Française des Pétroles est venue au Qatar dès 1926, il y aura bientôt 100 ans. Elle y a découvert du pétrole mais son exploitation ne pourra pas commencer avant la fin de la Seconde Guerre Mondiale. En 1973, la production de pétrole est de 570 000 barils par jour mais les réserves de pétrole sont inférieures à celles du Koweït, de l’Arabie Saoudite ou des Émirats Arabes Unis.
Au début des années 1970, la situation bascule par la découverte providentielle d’un gisement de gaz de 25.000 milliards de mètres cubes, ce qui représente 15 % des réserves mondiales. Dans le golfe arabo-persique et au large des côtes qatariennes, on voit surgir le plus gros champ gazier de la planète, nommé North Field. Cette découverte va bénéficier de facteurs favorables : la hausse de la demande du gaz, la maîtrise de nouveaux procédés permettant de liquéfier le gaz et de le transporter par bateau, l’image d’un produit plus propre que le pétrole. Dans le nouveau paysage énergétique mondial, tous les atouts sont réunis pour que le Qatar soit un producteur de premier plan. Il lui suffit d’ouvrir le robinet du gaz pour encaisser les devises qui alimentent son trésor national.
Grand pays par sa richesse.

De plus petit par sa taille, le Qatar va devenir le plus grand de par sa richesse. C’est à Ras Laffan que l’émirat a pris son envol. Pour s’en convaincre, il suffit de regarder les cuves gigantesques de ce port immense de 56 km² situé au nord de la péninsule, d’où partent les méthaniers qui transportent le gaz naturel liquéfié (GNL).
Dès le début des années 2000, les grands noms de l’industrie pétrolière et gazière se sont installés sur le nouveau site. Total, Shell et Exxon ont bien compris les enjeux de ces faramineuses réserves qui assurent au moins 100 ans d’exploitation pour alimenter en gaz et en produits dérivés, les marchés du monde entier.
Sur le site de North Field, on a vu se multiplier des « trains de liquéfaction ». Ce sont des usines capables de refroidir le gaz pour le liquéfier avant de l’exporter. Elles sont exploitées par de grands industriels comme Total, Shell et Exxon placés sous le contrôle des deux opérateurs nationaux Qatar-Gas (devenu Qatar-Energy-LNG) et Ras-Gas qui gèrent les ressources du pays. L‘usine Pearl-GTL (Gas-to-Liquids) est connue pour être la plus grande du monde. Au pic de leur activité, les différents chantiers de Ras Laffan ont rassemblé jusqu’à 140 000 ouvriers qu’il fallait nourrir et loger en plein désert, dans un climat où la température annuelle varie entre 25° et 55° C avec une hygrométrie qui est parfois de 80 %.
Le français « Technip Energies » est un pionnier des usines flottantes de gaz naturel liquéfié (FLNG) qui ont l’avantage de réduire la construction de longs gazoducs parce qu’elles sont directement branchées aux navires. Précisément, le Qatar a investi dans la plus grande flotte de méthaniers du monde (77 au total), ce qui lui offre une flexibilité inégalée sur le marché gazier. De fabrication japonaise ou coréenne, les bateaux à double coque de la dernière génération – que l’émirat est le seul à posséder – ont une capacité de 265.000 tonnes (contre 145.000 en moyenne) et disposent à bord, d’un système de liquéfaction du gaz, ce qui permet d’attendre le moment favorable pour vendre le gaz au meilleur prix, en fonction des cours sur le marché mondial.
En 1996, l’émirat produisait 2 millions de tonnes de gaz par an ; en 2021, ce chiffre a été porté à 177 millions de tonnes par an, ce qui place le Qatar au 5e rang mondial avec 4,4 % du total mondial, derrière les États-Unis (23,1 %), la Russie (17,4 %), l’Iran (6,4 %) et la Chine (5,2 %) ; cette production est en hausse de 18 % depuis 2011. Le Qatar reste le premier exportateur de gaz liquéfié, devant la Malaisie et l’Indonésie.
Pour utiliser au mieux ses ressources naturelles, le Qatar a fait le choix de la diversification. Non seulement il écoule une partie de son gaz par un gazoduc vers le Sultanat d’Oman et les Émirats Arabes Unis (afin de protéger les tuyaux des animaux qui traversent le désert, des entreprises françaises ont conçu des clôtures qui résistent aux conditions climatiques extrêmes) mais il produit aussi 1,3 million de tonnes d’éthylène par an à partir du gaz local, à un prix presque imbattable, pour approvisionner les marchés asiatiques. Il dispose de trois centrales électriques thermiques ce qui en fait le seul pays du Golfe à exporter de l’électricité. Il est aussi en mesure de commercialiser des produits dérivés du pétrole et du gaz pour en faire des engrais qui sont fabriqués en Australie, aux États-Unis, en Amérique du Sud, en Inde ou en Thaïlande. Enfin, le Qatar est le premier producteur d’hélium au monde.
Au regard de l’immensité de ces richesses, la Banque Mondiale évalue à 125000 dollars le revenu annuel par habitant qui n’a pas cessé d’augmenter au cours des 20 dernières années. Le Qatar est devenu un état rentier qui travaille pour les générations futures. C’est le pays où l’impôt n’existe pas. Chaque citoyen du Qatar reçoit à sa naissance un capital individuel estimé à plus de 10 millions de dollars alors que le nouveau-né français doit hériter d’une dette de 60 000 €.
On peut parler d’un pays-miracle qui a connu une prospérité rarement égalée dans l’histoire de l’humanité, avec un taux de croissance à deux chiffres. Mais il a su préserver cette richesse de sorte que les jeunes qatariens se voient attribuer des moyens exceptionnels pour effectuer leurs études à l’étranger avec des bourses d’études de plus de 1000 € par jour ! On a souvent parlé d’un pays hors sol ou hors du temps. La puissance extraordinaire du Qatar s’explique par sa position sur les marchés financiers (au moins 50 milliards de dollars placés chaque année) et sa formidable ressource humaine (plus de 2 millions d’étrangers à son service), le tout accéléré par le phénomène de la globalisation. Un tel succès s’explique par l’émergence de la famille Al Thani qui s’est installée à Doha au milieu du 19ème siècle.
Les origines du peuple qatarien.
A cet égard, il n’est pas inutile de rappeler les origines du peuple qatarien qui est composé de nombreuses tribus. Il y a celles qui habitent les villages côtiers du Qatar et qui se livrent principalement à des activités maritimes. Ce groupe comprend des familles telles que les Al Mannai, Al Bin Ali, Al Sulaiti, Al Sada, Al Buainain, Al Kubaisi. Il y a des tribus qui viennent de l’ancienne Perse (Iran) où l’on retrouve notamment les familles Al Hammadi et Al Jaber. Il y a les tribus bédouines qui viennent du désert proche de l’Arabie Saoudite ; à l’origine, elles étaient des tribus itinérantes et savaient faire paître leurs chameaux en fonction des saisons ; elles comprennent aujourd’hui les familles Al Murrah, Al Ajmann et Al Thani (la famille régnante).
En 1871, le Qatar est placé sous la tutelle de l’Empire de la Sublime Porte (Empire Ottoman). C’est encore une période troublée de désordre, de piraterie et de pillage sur les mers. La population en souffre. Les circonstances provoquent un moment d’unité nationale grâce à Sheikh Jassim Bin Muhammad Bin Thani, un wahhabite qui réussit à rassembler les tribus et qui remporte la bataille d’Al-Wajbah contre l’occupant ottoman, le 18 décembre 1878.
Par la suite le Qatar sera placé sous protectorat britannique en 1916 puis intégré à l’Empire des Indes jusqu’à la proclamation de son indépendance le 3 septembre 1971, après avoir refusé de s’être associé à son voisin, au sein de la Fédération des Émirats Arabes Unis.Il n’est donc pas surprenant que le Qatar ait fait le choix de célébrer sa fête nationale le 18 décembre qui commémore la victoire du 18 décembre 1878. A présent, la fête nationale est aussi un jour de richesses partagées car le 18 décembre est le jour attendu des sujets qatariens qui se voient offrir par leur souverain des véhicules neufs qui défilent dans les rues ainsi que l’effacement de leurs dettes et de leurs crédits à hauteur de 80%.
La force de la modernité dans une structure féodale.

Pays émergeant avec des moyens immenses, le Qatar est un paradoxe : tout en ayant les attributs d’un état moderne, il présente des fonctionnements archaïques qui assurent la stabilité de la société et qui le protègent des dérives du monde moderne. Au nom de la tradition et de la religion, la coutume oblige au respect d’un certain nombre d’obligations et d’interdictions [5].
Être citoyen du Qatar oblige à faire la baya : autrement dit, faire acte d’allégeance à l’émir, au sens féodal du terme. La tribu prime l’État car on appartient d’abord à une tribu avant d’appartenir à un état. Le qatarien vit dans un palais du 21ème siècle construit sur une forteresse médiévale. Leur modèle résiste mieux à la mondialisation parce que leur concept tribal est très fort. L’essentiel est d’assurer la pérennité de la tribu et de faire en sorte que toutes les tribus soient traitées selon un ordre juste, faute de quoi l’émir sera renversé par les tribus lésées.
Par conséquent, la nationalité est acquise, transmise ou accordée selon des critères ouvertement inégalitaires et très restrictifs. Pour protéger l’accès à la richesse nationale, il est impossible d’obtenir la nationalité qatarienne, même par mariage. La double nationalité est interdite. Selon le droit du sang, est qatarien à part entière celui qui peut prouver que son grand-père était établi sur le territoire qatarien avant 1936 ; les « grandes familles » sont les tribus qui ont fait acte d’allégeance à la famille régnante puis en nombre infinitésimal, viennent ensuite les personnes naturalisées « en opportunité ». Selon qu’ils sont plus ou moins proches de la branche au pouvoir, les qatariens se verront attribuer richesses et honneurs : un emploi, un véhicule, des terres, une villa de luxe, des prêts sans intérêt. Ils pourront en outre bénéficier du droit de vote et de se porter candidat à l’élection au conseil consultatif, une sorte de parlement dont la constitution prévoit qu’il sera élu pour deux-tiers au suffrage universel (2013).
Le Qatar ressemble à une société médiévale dans un état théocratique où la loi civile et la loi religieuse se confondent. Les tribus du Qatar sont des Sunnites Wahhabites dont le mode de vie est plus souple qu’en Arabie Saoudite [6] où la présence des lieux saints (La Mecque et Médine) impose des contraintes plus strictes (interdiction d’une représentation humaine sous toutes ses formes, décence de la tenue vestimentaire et statut de la femme).
A l’égard des non-musulmans nommés « les dhimmis [7] », le Qatar reste un pays moins rigide que l’Arabie saoudite comme en témoigne « Church City », un vaste complexe religieux ouvert à tous les cultes chrétiens rassemblés sous la bannière « Faith in God ». Plusieurs milliers de croyants convergent vers le site, notamment des Indiens du Kerala, des Philippins ou des Sud-Coréens bien installés au Qatar, mais aussi des jeunes catholiques africains. Le vendredi, jusqu’à dix-sept célébrations sont organisées avec des cérémonies de baptême dans une dizaine de langues différentes.
Bien que le Qatar se soit ouvert à la société occidentale en acceptant la présence de nombreux expatriés, les règles de l’islam demeurent prioritaires. On y affirme l’existence de Dieu. Être athée ou agnostique n’est pas dans l’ordre des choses, y compris sur les formulaires de l’administration qui demande de déclarer sa religion. Tous les documents sont rédigés au nom de Dieu clément et miséricordieux. L’heure de la prière est intégrée dans le déroulement des réunions et des programmes de travail. Tous les migrants admis à travailler au Qatar signent une déclaration par laquelle ils reconnaissent se soumettre à la charia. Au nom de la loi divine, on administre encore des châtiments corporels chaque semaine, au Slashing Department [8] de Doha.
Pour des Français habitués à la laïcité, il est parfois difficile de comprendre ce pays qui nous séduit par son opulence occidentale et qui nous surprend par son mode de vie patriarcal. Ce paradoxe s’est produit au Qatar sous l’influence d’un couple qui a marqué l’histoire récente du pays.
Un nouvel émir.
Après avoir renversé son père le 27 juin 1995, un émir a régné pendant 18 ans jusqu’en 2023 en la personne de Cheikh Hamad Bin Khalifa Al Thani. Avec l’aide de sa troisième épouse, Sheikha Mozah Bint Nasser al Misnad, il a profondément transformé l’émirat en utilisant judicieusement les ressources gazières pour moderniser les structures du pays. Avec habileté, il a su concentrer un mélange d’étatisme, de néolibéralisme et d’autoritarisme. A lui seul, il a exercé l’essentiel du pouvoir, qu’il s’agisse des affaires intérieures ou de la conduite d’une diplomatie très active. La prospérité du Qatar lui a permis d’engager de nombreuses réformes qu’il a imposées « par le haut » et qui ont suscité des résistances « par le bas » en particulier de la part de courants religieux et traditionalistes. Avec du discernement, il a incarné une monarchie éclairée sur un territoire où les tribus sont plus difficiles à gérer que des partis politiques (inexistants au demeurant).
Les conservateurs n’ont pas manqué de dénoncer la frivolité des dirigeants de Dubaï qui ont dilapidé leurs richesses dans des projets pharaoniques. Souvenons-nous de l’émir Mohammed ben Rachid Al Maktoum, qui a frôlé la faillite en 2009, en raison de son insolvabilité pour une dette publique de 80 milliards de dollars. Il a été sauvé par l’intervention de l’émir d’Abu Dhabi, le plus riche des sept membres de la Fédération, qui a tout remboursé ! En remerciement, la plus haute tour de Dubaï fut nommée Burj Khalifa. Mais depuis lors, les finances de Dubaï sont placées sous la surveillance de Mohamed Ben Zayed, le président de la Fédération.
Non seulement cette zone concentre les ressources en gaz et en pétrole mais elle est aussi une zone exportatrice de capitaux avec une capacité d’épargne et d’investissement gérée de manière professionnelle sous la forme notamment d’aide publique au développement. C’est dire combien la communauté internationale compte sur le soutien financier des pays du golfe.
Au Qatar, le Cheikh Hamad Bin Khalifa AL THANI a su mener à bien les affaires du pays. Il s’est entouré de quelques personnalités influentes avec qui il a créé en 2005, le fonds souverain du Qatar qui totalise actuellement des actifs à hauteur de 530 milliards de dollars, au profit des générations futures.
Son épouse Sheikha Mozah Bint Nasser al Misnad s’est rapidement imposée comme la première dame du Qatar, visible dans tous les déplacements officiels à l’étranger. Elle a été son alliée essentielle dans la modernisation du pays et son ouverture au monde. Son rôle ne relève pas seulement de la figuration. Elle est encore à la tête de la puissante Fondation du Qatar dont les ressources sont estimées à quinze milliards de dollars, au service d’une politique ambitieuse qu’elle mène en faveur de la promotion de l’éducation et des droits de la femme. En partenariat avec les plus grandes écoles du monde (HEC en France), il s’agit de former une élite dirigeante et motivée, apte à diriger les grandes entreprises publiques du Qatar avec pour objectif, à terme, de remplacer les expatriés. En juin 2009, Sheikha Mozah a été reçue à l’Académie française. Sa personnalité attire les élites occidentales mais suscite aussi des réticences de la part des conservateurs de son pays parce qu’elle incarne la modernité et la libération de la femme (40 % des femmes ont pu accéder à l’université).
D’une manière générale, les activités des femmes se trouvent restreintes par la Charia. Les dispositions relatives au contrat de mariage [9] favorisent les hommes ; ainsi, les femmes musulmanes doivent-elles obtenir l’autorisation de leur mari ou de leur tuteur avant d’entreprendre un voyage. Contrairement à l’Arabie Saoudite où les femmes occidentales ne peuvent ni conduire, ni faire leurs courses, ni même se rendre chez le médecin sans la présence d’un homme, le Qatar ne pose aucune difficulté à cet égard. Pour ce qui concerne la tenue vestimentaire, les femmes occidentales n’ont aucune contrainte particulière si ce n’est d’éviter des tenues par trop provocantes. En revanche, les femmes musulmanes sont toutes vêtues d’une abaya et la plus grande partie d’entre elles portent le voile intégral. Lorsqu’elles se baignent, elles sont entièrement vêtues et les lieux de baignade demeurent strictement réglementés par la police religieuse. Les femmes progressistes préfèrent se rendre à l’étranger pour expérimenter la liberté vestimentaire de manière anonyme. Dès qu’elles sont dans l’avion, elles quittent leur tenue traditionnelle pour s’habiller à l’occidentale !
L’ouverture au monde.

Pour s’ouvrir au monde, les dirigeants ont vite compris l’intérêt de développer le sport qui était aussi le moyen d’occuper une jeunesse qatarienne gâtée par son niveau de vie. On voit le Qatar s’impliquer dans toutes sortes de compétitions : tennis, cyclisme, athlétisme, nautisme, auto, moto. En 2021, il a acheté le PSG maintenant dirigé par un qatarien en la personne de Nasser AL-KHELAÏFI. En 2022, la FIFA lui a confié l’organisation de la coupe du monde de football qui fut une réussite à la gloire du Qatar.
Depuis le 25 juin 2013, le prince héritier Tamim Ben Hamad AL THANI a succédé à son père qui avait confiance en lui pour assurer la continuité de sa politique d’ouverture. A l’âge de 33 ans, il est nommé à la tête d’un émirat qui est la 6ème richesse du monde dont il détient les pouvoirs législatifs et exécutifs. Il est le deuxième fils de Sheikha Mozah Bint Nasser al Misnad. Il a appris le français avec un précepteur marocain. Il a été formé à l’académie royale de Sandhurst au Royaume-Uni. Il est marié. Il a 3 épouses et 13 enfants nés entre 2006 et 2020. Ses parents lui ont donné une éducation occidentale mais il vit selon les coutumes de la société qatarienne : il pratique la fauconnerie, chasse la gazelle, entretient une écurie de chevaux [10] (des pur-sang arabes comme on peut en voir en pension au Lion d’Angers), participe aux courses de chameaux [11] et de lévriers qui s’inscrivent dans la tradition du désert [12].
Au commencement de son règne, le nouveau souverain s’est trouvé confronté à une grave crise diplomatique qui a duré du 5 juin 2017 au 5 janvier 2021. Elle trouve son origine dans un conflit avec l’Arabie Saoudite qui reprochait au Qatar d’avoir soutenu les milices chiites dans le mouvement des printemps arabes et d’avoir financé par l’intermédiaire de l’Iran, des organisations comme Daech, Al Qaïda, les Houthis, le Hezbollah palestinien et le Hamas terroriste, ce qui avait eu pour conséquence de déstabiliser des pays comme le Royaume de Bahreïn [13], le Yémen, la Mauritanie, les Maldives, l’Égypte, la Syrie, la Tunisie ou la Libye. Il faut avoir une longue cuillère pour dîner avec le diable, nous rappelle un vieux dicton et quoi qu’on en pense, le Qatar a trouvé les moyens de s’imposer pour maintenir le dialogue au milieu des soubresauts du Moyen-Orient.
Comme tous les premiers ministres issus de la famille AL THANI, le nouveau premier ministre est un cousin de l’émir. Ils ont le même âge. Mohamed Ben Abderrahmane AL THANI est aux commandes depuis le 7 mars 2023 en qualité de Premier Ministre et Ministre des Affaires étrangères. Il est l’acteur essentiel du domaine économique et financier de par le fait qu’il préside le fonds souverain du Qatar et de ses différentes filiales (le Qatar Investment Authority avec une réserve de 526 milliards de dollars). Son rôle est incontournable dans le développement des infrastructures et l’acquisition des investissements à l’étranger. Il est non moins important dans le traitement des grands dossiers diplomatiques. Depuis l’attaque du 7 octobre 2023, c’est lui qui assure les contacts entre CIA, MOSSAD et HAMAS en vue de libérer les otages israéliens.
Le Qatar se pose en médiateur international. Il joue le rôle de la Suisse au Moyen Orient. L’équipe au pouvoir a construit une diplomatie décomplexée dont l’objectif est de faire rayonner le Qatar au-delà de ses frontières et par tous les moyens notamment par la tenue d’un maximum de réunions internationales sur son territoire. Il cherche ainsi à surmonter son handicap naturel face à ses grands voisins que sont l’Iran, l’Arabie Saoudite et l’Égypte. Ainsi, Doha s’emploie activement à ménager le plus possible Téhéran tout en comptant fermement sur la protection des Américains qui disposent au Qatar de la plus grande base aérienne de la région, le « centcom » situé à Al-Oudeïd. L’émir mène à cet égard une politique de prudence pour écarter toute option militaire qui exposerait gravement son pays au regard de sa proximité géographique avec l’Iran et la vulnérabilité de ses installations gazières. C’est bien connu, « on a la diplomatie de sa géographie ».
La place de la France.

Malgré la prééminence des États-Unis dans tous les domaines, la France qui a été la première à reconnaître son indépendance en 1971, entretient avec le Qatar des relations bilatérales exceptionnelles. En 2007, l’émir était le premier chef d’état étranger à venir visiter le président Nicolas Sarkozy. Les dirigeants se rencontrent régulièrement à Paris et à Doha et il ne se passe pas de semaines sans qu’un visiteur français de haut niveau ne vienne au Qatar. C’est un pays francophile.
Les membres de la famille AL THANI apprécient la culture française et parlent le français. Ils sont actuellement les plus grands acheteurs d’art contemporain. La sœur de l’émir est à l’origine de la création du nouveau musée de Doha. Inauguré en 2019, il concurrence le Louvre à Abu Dhabi. Il a été réalisé par l’architecte français Jean Nouvel qui s’est inspiré de la rose des sables.
En matière économique, le Qatar est le 8ème partenaire de la France au Moyen-Orient. Les investissements français sont anciens et importants, en particulier dans le pétrole et le gaz. Les grands groupes français sont présents au Qatar non seulement dans le secteur de l’énergie mais aussi dans l’aéronautique, la défense, les transports terrestres, les télécommunications, l’eau et l’électricité, l’environnement et la construction. De la même façon, les investissements qatariens en France sont en augmentation continue depuis 2002, traditionnellement concentrés dans l’immobilier de luxe [14], mais de plus en plus orientés vers des prises de participation stratégiques dans des sociétés d’excellence : 1 % de LVMH, 2 % de Total, 2 % de Vivendi, 3 % de Suez Environnement, 5 % de Veolia Environnement, 8 % de Vinci Autoroutes, 13 % de Lagardère Telecom, 53 % de Le Tanneur. La Qatar a également acheté Balmain, le prix de l’Arc de Triomphe et la chaîne de télévision Beinsport.
Pour la France, l’importance de cet émirat ne se dément pas : notre pays est le 5ème fournisseur du Qatar avec 7 % du marché. En 2015, le président François Hollande a signé avec le Qatar un contrat portant sur la livraison de 24 avions Rafale. En 2017, le président Emmanuel Macron a signé un contrat portant sur la livraison de 12 avions supplémentaires et de plusieurs blindés. De nombreuses entreprises françaises fournissent des biens et des prestations au Qatar, parmi lesquelles : Accor, Alcatel, Alsthom, Areva, BNP Paribas, Bouygues, Caisse des Dépôts, Fauchon, Carrefour, Cegelec, DCN Armement, Safran, Technip, Total, Veolia, Vinci, sans oublier l’achat de 50 Airbus A321 ou le métro de Doha réalisé par la RATP. Les investissements français se sont multipliés et le solde net de nos échanges représente plusieurs milliards d’Euros.
Conclusion.
La prospérité a favorisé la multiplication des échanges avec l’étranger, ce qui explique notamment la présence de 5000 familles françaises au Qatar. Cela n’est pas sans soulever de questions juridiques ou judiciaires, d’où le besoin de sécurité juridique par l’instauration d’une justice qui se rapproche des standards internationaux.
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Notes infrapaginales.
[1] Pour mémoire, lorsque j’ai été nommé magistrat de liaison au Qatar, la France était sous la présidence de M. Nicolas Sarkozy dont le premier ministre était M. François Fillon. Au ministère de la justice, Mme Michèle Alliot-Marie venait de succéder à Mme Rachida Dati.
[2] Un ressortissant indien gagne dans son pays environ 15 € par mois. Au Qatar, il gagne environ 15 € par jour, soit environ 450 € par mois. Il se dit très heureux
[3] Comme le Dirham des Émirats Arabes Unis, le Riyal du Qatar est égal à 0,25 €. Mais le Riyal du Sultanat d’Oman est égal à 2,5 €. Le coût de la vie au Qatar est 17,6 % moins élevé qu’en France. Le pouvoir d’achat local y est d’ailleurs 65 % plus élevé (ni taxes, ni impôts). Le salaire moyen est de 3800 € net d’impôt.
[4] Les 4 principales agglomérations du Qatar sont : Doha la capitale avec 800 000 habitants, sur une corniche de 7 km qui ressemble à la Promenade des Anglais à Nice, Al Wakrah, ville côtière de 80 000 habitants sur la Riviera du Qatar, proche de Doha, Al Khor, ville côtière de 30 000 habitants, proche du complexe industriel de Ras Laffan, située à 50 km au nord de la capitale et Al Rayan, ville frontière avec l’Arabie Saoudite, située au sud de la péninsule, qui compte 500 000 habitants.
[5] Les Qatariens ne se sont pas évadés de leurs traditions religieuses ou tribales. Pourquoi ? La tradition est ce qui nous vient du passé et qui nous est encore utile parce que les gens en ressentent la nécessité (opinio juris sive necessitatis). Ce sont des coutumes, des pratiques et des habitudes qui s’inscrivent dans le temps long et qui nous ont été transmises par un grand nombre de personnes sur plusieurs générations. Elles forment un mode de vie dont nous avons besoin pour continuer à vivre dans les circonstances du présent. De ce point de vue, le Qatar peut se définir dans sa modernité comme une société traditionnelle, à la recherche d’une vie meilleure sans pour autant perdre son identité.
[6] Depuis le 26 novembre 1986, un pont de 25 km traverse la mer pour relier l’Arabie Saoudite à l’île de Bahreïn. Il s’agit du Pont du Roi Fahd qui a été rebaptisé « Pont Johnny Walker » du nom de la marque de whisky car tous les jeudis soir, les saoudiens privés d’alcool et de vie nocturne se déplacent en masse vers Manama, capitale du Royaume de Bahreïn, pour y faire la fête durant le week-end, du vendredi au samedi au Moyen Orient.
[7] En islam, le non-musulman qui réside dans un état musulman est appelé « Dhimmi » ce qui signifie littéralement « celui qui est privé de sa responsabilité » parce qu’il est au bénéfice de la Dhimma qui selon la charria, lui demande de faire acte d’allégeance à l’état islamique pour obtenir en contrepartie, la protection de sa vie, de ses biens et la liberté de pratiquer discrètement sa religion, sans prosélytisme. Les chrétiens et les pratiquants des autres religions sont donc les dhimmis du Qatar. Ils ne peuvent pas accéder à des fonctions politiques. Ils doivent respecter les lois islamiques sur la propriété, les contrats et les obligations. Ils sont autorisés à consommer de la viande de porc et de l’alcool dans des zones déterminées qui sont interdites aux musulmans.
[8] Les infractions à la Charria sont punies de châtiments corporels lorsqu’elles sont commises par des musulmans, par exemple la consommation d’alcool ou l’adultère. Le fouet est la sanction la plus fréquente à titre de peine principale ou complémentaire. Le nombre de coups dépend bien entendu de la gravité des faits reprochés et de la personnalité du condamné. L’exécution de la sentence est confiée à un membre de l’administration pénitentiaire, le dimanche et le mercredi dans des locaux de la prison centrale de Doha. Les condamnés sont examinés par un médecin avant exécution de la sentence. Ils peuvent conserver le costume de prisonnier mais les services pénitentiaires vérifient au préalable que celui-ci ne porte rien d’autre afin de ne pas atténuer les coups par une épaisseur de tissus. Les hommes sont fouettés debout entre deux cloisons et peuvent en cas de défaillance être soutenus par deux policiers de l’escorte, pour faciliter l’exécution complète de la sentence. Les femmes sont fouettées assises et sont maintenues dans cette position par une femme policière de l’escorte. La vigueur des coups est moindre lorsqu’il s’agit d’une femme ou d’une personne âgée
[9] Les jeunes gens subissent des mariages imposés ou arrangés entre chefs de tribus. Le mariage doit assurer la survie de la tribu. Il faut en payer le prix. Les hommes peuvent avoir au maximum 4 épouses mais les femmes musulmanes n’ont qu’un seul mari. Fort heureusement, derrière leur voile, elles exercent un pouvoir redoutable sur la famille et elles sont peut-être plus libres qu’il n’y paraît. Les lignées se font par le père mais on se regroupe autour de la mère qui reste le point de repère essentiel de la polygamie. Dans le monde arabe, la solidarité vient du ventre : si l’on est issu du même ventre, il en résulte une indéfectible solidarité.
[10] Situé à Al Rayyan, le Qatar Racing and Equestrian Club (QREC) se trouve à environ 7 km au nord de Doha. Ce célèbre hippodrome rassemble la haute société du Qatar. Il comprend une piste en gazon qui s’étend sur 1 800 m et une piste en sable de 1 400 m de long. Non moins célèbre, le camélodrome d’al-Shahaniyah à 30 km de Doha, réunit des milliers de spectateurs. Les courses de dromadaires avec des jockeys radiocommandés sont un élément majeur de l’identité des émirats mais comme les courses équestres, elles n’autorisent aucun pari (charia oblige).
[11] Les chameaux ont été importés en Australie au milieu du 19ème siècle par des explorateurs qui avaient besoin d’une monture robuste pour cartographier les zones arides de l’intérieur du pays en vue de créer des routes et des lignes de chemin de fer. Une fois leur tâche terminée, ces pionniers ont abandonné les animaux de sorte qu’il y a aujourd’hui plus de 500 000 chameaux à l’état sauvage dans le bush australien. Dans certaines zones, ces grands mammifères étaient devenus un fléau. Au lieu de les abattre, le Qatar a proposé de les régénérer en les croisant avec de nouveaux spécimens en vue de créer en Australie, des fermes destinées à exporter la viande de chameau et le lait de chamelle vers le Moyen-Orient. C’est une opération gagnant-gagnant qui a donné pleine satisfaction.
[12] Pour un étranger en visite au Qatar, l’honneur suprême est d’être accueilli dans la tente dressée dans le désert où après l’avoir encensé et lui avoir offert du thé d’hibiscus, le chef de tribu lui présentera le plus beau de ses faucons et de ses chameaux
[13] Le Royaume de Bahreïn est le pays de l’arbre de vie (nommé Sharjat Al-Hayah en arabe). Il s’agit d’un arbre remarquable âgé de 400 ans, complètement isolé au milieu du désert, dont la source d’eau demeure inconnue.
[14] Parmi les achats du Qatar en France, on peut citer : L’Hôtel d’Évreux situé Place Vendôme à Paris, l’Hôtel Lambert situé sur l’Île Saint-Louis à Paris, la galerie commerciale des Champs Élysées, l’immeuble du Figaro situé dans le 8ème arrondissement, le Carlton et l’Hôtel Martinez à Cannes, le Palais de la Méditerranée à Nice, le Lido à Paris, sans compter d’autres acquisitions dans le monde comme un appartement de 4000 m² situé au cœur de Manhattan à New-York.
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L’auteur de cet article :
Alain Leroux est Avocat général près la Cour d’Appel honoraire. Auteur de plusieurs publications, il a occupé plusieurs postes au ministère de l’Intérieur et au ministère de la Justice. Alain Leroux a notamment été Conseiller à l’Ambassade de France à Doha. Il est chevalier des Palmes académiques et membre de l’AMOPA.
Crédit photographies : Alain Leroux.
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